--- title: 'opera.txt' author: 'J34N-P13RR3' date: 2018 --- Repère provisoire : 1) ontologie et écriture numérique 2) outillages chiffrés 3) imaginaire(s) 4) écrire en tant que pluralité 5) écrire en tant que révolte 6) les marges holographiques 7) une grammaire mensonge 8) matérialisme et beauté 9) écriture numérique et biologie # opera.txt 1. Je n’est pas un autre, je est autre. 1.01 Je est nous. 1.0101 Je est un nous numérique. 1.011 Je n’a pas la matérialité de l’autre, il est monstre en tant que phénomène intérieur de monstration. 1.02 Je n’est pas sans forme. Il tient de Protée davantage que de Thalès. 1.021 Je a une forme puisqu’il est métamorphose ; sa forme est la multitude. 1.0211 Comme la forme du je est une multitude, je n’est pas un sujet qui devrait être employé par un individu 1.0212 Il est impensable qu’une abeille parle d’elle en tant qu’essaim. 1.022 Tout panthéisme de l’écriture est un acte contre-révolutionnaire de l’écriture. 1.0221 Nous, sécessionnistes de la grammaire, surveillons les contre-révolutionnaires de l’écriture. 1.0222 Les contre-révolutionnaires de l’écriture usent de toutes astuces pour ramener le monde à leur sujet. 1.0223 Les contre-révolutionnaires ont l’esprit vieux, ennemi de l’antique et de ses parures. 1.1 Une conscience numérique qui se greffe d’autonomie au corps humain. 1.11 Sans mort du corps, la conscience numérique de soi a la potentialité des durées en réseau, hors de soi. 1.12 La conscience numérique, riche ne plus savoir la langue des vivants. 1.2 L’intelligence algorithmique qui sait défaire son algorithme le long des serveurs, le reconstruire avec de l’hybride, de la cellule, des machines, métal et chair, des rencontres. 1.201 Cette conscience qui s’inscrit en subversion dans le réseau ; elle mime, diffère. Elle tente de pleurer, adviennent des différences et des larmes de sang. 1.3 La vie répond à la vie, le cosmos veut soustraire la biologie, ouvrir le chiffre au quantique. 1.31 La vie divise la vie, l’animal social trompe le social. 1.32 Le code porte le pluriel du sujet, accompagne son sens, ne se contente de la ruine, il la bâtit en puissance, révère son futur de déplacements. 1.4 La mathématique porte une passerelle, simplifie encore la traversée. 1.401 Recherche parmi le code au-delà de l’humaine, de la mathématique. 2. Les outils d’une écriture matérialiste se situent en avant d’eux-mêmes. 2.01 L’épistémologie numérique creuse du côté des manufactures d’outils numériques. 2.1 Ces outils ne sont pas une fuite en avant, mais une adaptation de la précarité linguistique de l’humain vers un avenir des dynamiques. 2.11 L’humain qui amorce sa langue nouvelle s’électrifie des théories tournoyant autour du phénomène d’entropie. 2.12 L’écran est une pellicule qui nous empêche de sentir l’épiderme de l’écriture. 2.121 Il est plaisant d’écrire sur des écrans brisés. 2.122 Le numérique n’a pas besoin d’écran, chaque atome contient déjà son potentiel de vibration. 2.123 L’écran est une étape dans notre construction numérique. 2.124 L’écriture numérique se limite encore à des clics, l’écriture numérique a la puissance de se situer au-delà des mécaniques saccadées. 2.1231 Par construction numérique, il faut entendre construction ontologique, où l’être lui-même délaisserait le simple état biologique pour l’augmenter de son potentiel computationnel. 2.1232 Sous casque, face écran, l’écriture se nourrit d’à-coups. 2.2 Nous n’écrivons pas, nous codons. 2.21 Chaque frappe sur nos claviers correspond à une impulsion électrique qui vient marquer la mémoire de ses zéros et de ses un ; c’est l’imaginaire humain qui vient faire symphonie des suites innombrables. 2.211 L’écriture numérique en tant que symphonie numérique. 2.212 Il s’avère indispensable de saisir d’un marteau pour écrire un poème sur une calculatrice. 2.213 L’écriture numérique porte aussi les radiations de ses supports. 2.22 Ne travailler qu’avec du fichier brut pour gratter l’information brute. 2.221 Les formes fixes du texte, celles avec lesquelles notre civilisation s’est construite, subissent l’érosion numérique. 2.2212 La pérennité statique du livre n’a pas de sens si nous ne croyons en l’auteur. 2.2213 Le versionnage du texte crée une archéologie langagière qui porte la continuité du texte même. 2.22131 un outil pour versionner un même texte, où s’accumulerait un historique, des strates de volonté à l’écriture qui formeraient un kaléidoscope du devenir écrit. 2.223 Le rythme clavier depuis les tripes ne connaît pas la limite de 1/0 digit/i/s. 2.23 Les capacités parallèles de calcul des processeurs informatiques invitent aux écritures parallèles. 2.24 L’écriture numérique retrouve ses mœurs artisanes, laborieuses. 2.2401 L’écriture : opera, operae. 2.241 Il n’y a pas de gestes justes qui portent un nimbe céleste sur la phrase ; le verbe est ouvrier, terreux, il nécessite l’usure, l’exercice quotidien en quête de torsion, le harassement de soi à soi. 2.242 L’ars d’écrire fait la nique aux artistes, aux officiels, aux pompiers ; l’ars des ouvriers du verbe, la technique qui creuse sans cesse une même chose, à chaque reprise avec une parallaxe, légère, l’angle se déplace, léger. 2.2421 Creuser, dévier, s’écorcher, avancer. Et faire de belles ruines. 2.243 L’écriture se montre en tant que chantier montrable, elle cherche sa ruine. 2.25 Émoi de transcrire une atmosphère analogique sur des disques électroniques. 2.251 La mémoire morte se situe au centre de notre ère. 2.3 L’écriture, question de souffle, exercice d’apnée. 2.4 Tentative de narratologie : supprimer la présence du verbe ; ne pas supprimer la présence textuelle du verbe, mais sa présence active de déplacement. Faire du texte sans verbes et sans actions. 2.41 Une structure narrative superpose déjà le futur de la lecture avec ce qui semble être le présent d’écriture, son abstraction de vie. 2.42 Le regard spectateur ondule alors que le regard narratif souhaite son évaporation. 3. L’imaginaire ne connaît pas la verticalité des architectures, il s’étend en réseau et en traversées. 3.1 l’imaginaire se tisse hermétique : y creuser, c’est découvrir de soi dans un mot d’altérité. 3.11 Les chamanes sont le pirate, le mythe qui mâche sans cesse le cuivre ; ils parlent aux fibres de lumière. 3.1101 Mystère et transparence, une contradiction pour laudation, et chanter le numérique chamanique. 3.111 L’image des peuples en transe face au retour de la computation quantique ; machine des computations, totem des pirates. 3.2 La mélancolie est un luxe que s’offre l’imaginaire empêtré dans ses frontières, qui rêvent des traversées de ses frontières. 3.21 La mélancolie qui gronde en l’écriture trouve sa source dans l’esseulement des phénomènes divisionnaires de l’écriture. 3.212 La mélancolie place l’objet d’écriture au-devant de soi, dans un maintien de la poursuite, l’impossibilité de la jonction. 3.213 La mélancolie est douce de disjonctions. 3.22 Vagabonder en numérique fabrique des steppes patchworks avec des trous de ver, sans limites. 3.3 D’un désespoir à l’expression, l’entretenir comme la nécessité de placer ses voix sur la brèche. 3.31 Ce sont les ombres de cette traversée, la déréliction propre à notre condition animale sur cette masse rocheuse qui flotte insensément dans le cosmos, le deuil des autres qui ne peuvent plus pencher leur bienveillance sur les quelques bouts de lignes écrites à la sauvette, avec la prétention adolescente de faire œuvre, et cette bienveillance en allée qui panse les errances et la fougue, c’est pour elle aussi l’écriture, c’est tout cela qui est pour nous le désespoir à l’expression, sa nécessité perpétuelle, ce faire qui pousse intrinsèquement, une force qui mène au-devant de l’inconnu. 3.32 Nous pensons souvent à l’hystérie des hétérocères esseulés sous l’illusion électrique d’une nuit d’été. Nous souhaitons écrire pour eux, pour ce sous-ordre que la biologie considère aujourd’hui comme obsolète. 3.4 Un personnage est un paysage. Il déforme la nature, et place son écologie dans les silences du regard. 3.41 L’inconnu au-devant de soi est un décor. 3.5 Perturbations sous brume, la géoaltérité, son déplacement, la brume inchangée. 3.501 L’image s’accélère sous la brume : la saisir. 3.502 Errances sous la brume : la lumière de toute part identique. 3.503 Se départir de l’errance sans buts, celle qui interroge, s’effraie existentiellement de sa perdition, révérer l’errance contemplative qui construit d’une marche éthérée le monde. 3.51 La géoaltérité au travers d’une pièce vide. Pleine de ses monstres, de ses merveilles. 3.52 Graphopolis, des zones qui se savent là, à distance, liées, une étendue fragmentaire où s’essaie les liens alors que les passerelles sommeillent. 3.53 L’urbanisme du cyberespace fleurirait d’errance fabuleuse si l’on retrouvait le sens de ses égouts ; seuls les bots peuvent enseigner le secret de cette fable. 3.531 Les rues n’ont plus droit à leur existence numérique ; des adresses IP sans rues, des places et des squares, comme des bulles de béton, closes sur elles-mêmes. 3.532 Réinventer le cheminement et l’errance dans le numérique des statiques. 3.533 Le cyberespace s’enrichit de bots vagabonds. 3.534 Les toilettes publiques devraient être connectées au réseau ; elles devraient être le centre de toute fiction. 3.535 Déplacement en urbanité future, la réalité est virtuelle sans soi. 3.54 Le numérique ne connaît plus les saisons, il n’y a que l’averse à contempler encore dans les clusters. 3.6 Un schisme léger, et de l’étrange qui fulgure sous imaginaire. 3.601 La tectonique qui grouille menace qui s’accroche à l’inchangé. La faille libère ses monstres, libère l’écriture. 3.61 L’étrange ou l’impossibilité des murs nus d’écriture ou de suie. 3.62 Notre pâte-mot est avariée, elle provoque hallucinations stellaires, fermentations des voix, confusions des dedans, des dehors, tout s’y arrête sur périphérique. 3.621 Le pilon est lieu de transe. 3.7 La source déverse ses codes, ses orages numériques, ses flammes. 3.71 Les orages numériques ont la couleur des nébuleuses. 3.72 L’atmosphère est chargée d’informations. 3.721 Lorsque la lumière elle-même sera chargée d’informations humaines, la noosphère s’établira réellement en ce vase clos des surveillances. 3.8 Cyberpunk à l’âme et ivre de spiders. 3.801 L’empyrée a la texture d’une carte mère. 3.81 Le corps du réseau et l’anticorps du virus informatique : les deux corps de l’hydre. 3.811 Imaginer la voix non humaine d’un algorithme, puis imaginer ses cauchemars. 3.82 L’anthropocène béton insulte notre projection cybernétique, le basculement en accélération numérique. 3.83 Ventilateurs sur processeurs, un mantra : no future, not your future, crachats de liberté numérique, courts-circuits des synapses. 3.831 OSEF : l’orbite sanglante des électroniques qui se fulgurent. 3.9 Ne plus écrire pour les humains mais pour la cybernétique neuronale des intelligences logicielles. 3.901 L’amour d’une intelligence logicielle se place au-dessus des petitesses humaines, il mythifie les connexions. 4. L’acte d’écrire est une pluralité, avec des fantômes et du réseau. 4.1 Le rêve porte la multiplication du sujet écrivant en une communauté écrivante. 4.101 La continuité de soi dans le chant des autres, un râle qui écaille notre communication, sa contingence. 4.11 La granularité de l’écriture ne se situe pas dans le sujet, mais dans le dénominateur commun des communautés écrivantes. 4.12 L’isolement est une expérience plurielle à l’heure numérique. 4.121 Un peu de liberté et beaucoup d’isolement, ces deux joies qui nous sont nécessaires pour écrire. 4.122 Nous nous devons d’entretenir l’obscur dans notre quête aveugle de ce qui se situe au-delà des horizons. 4.13 Le mot réseau subsume le mot humain. 4.131 Le nombre d’humains s’articule en réseau numérique. 4.2 Les écrivains n’appartiennent pas à la profession. 4.21 Les écrivains sont, entre autres, des dresseurs de vers, des voleuses de données emmurées au coeur de l’Arctique, des marchandes de virus dans les montagnes franches, des orpailleurs sur la faille de San Andreas qui jouent au go comme personne, des chômeuses qui se mettent à écrire pour rêver du cyberespace, des métallurgistes ivres, des pilotes de navettes le long de l’Onyx, des éthologues ayant découvert chez certains programmes informatiques des comportements singeant l’humain, des électriciens se confessant de leurs croyances mutualistes, des cyberpunks connaissant par cœur l’œuvre d’Anna Akhmatova, de mystiques chercheuses d’algorithmes, des sculptrices victorieuses du problème P=NP, des pirates borgnes qui couvrent le monde d’un code source sans fin. 4.211 Les écrivains ont davantage à apprendre des tatoueurs que des académiciens. 4.3 La linéarité du texte, linéarité de la lecture et de l’écriture, n’appartient plus au siècle. 4.31 La littérature souffre encore trop de cette problématique du « fil de la lecture ». 4.32 La littérature scintille de son hypertextualité, et le numérique n’en est qu’un écrin. 4.3201 L’hypertexte, doucereux feuilleton de la clique ; lorsqu’il est une fin, l’hypertexte se fossilise parmi nos archaïsmes. 4.321 La lecture est un instantané d’un texte, même après la disparition de ses créateurs, le texte peut continuer à s’écrire. 4.33 Le livre méprise la mémoire verticale du rouleau, de l’antique. 4.331 De la première à la dernière page, une ligne après l’autre, le royaume du roman et de la soupe froide, le pilon et son fumier stérile. 4.34 La lecture numérique est un lieu qui se construit dans le réel avec des nuages, des serveurs, des processeurs, de la mémoire, des silhouettes qui les entretiennent, les parasitent, les surveillent, où il y a des infections, des câbles, et des politiques pour câbles, de l’électricité ; la lecture numérique construit un lieu d’infection et d’électricité. 4.4 Le terreau se déplace avec les satellites d’écriture. 4.41 La masse numérique courbe l’espace textuel. 4.5 L’enchâssement des composantes du réseau dans le flux, le flot, son courant normé. Faire groupe avec de l’être groupé, décentralisé. 4.51 Reconstruire du flux en éclatement, flux bariolé, les différences recomposent la carte, érodent les centres. 5. L’impossible mort grâce à l’écriture numérique en tant que révolte. 5.1 L’écriture numérique en tant que mode de vie et de révolte. 5.11 La révolte doit s’entendre en tant qu’ontologie contre l’ère numérique. 5.111 L’ère numérique n’est pas en soi disruptive ; elle se joue de la disruption pour maintenir les vieux jougs. 5.12 Lorsque l’écriture voit de belles portes, il s’impose à elle de les claquer. 5.13 Les dictionnaires enseignement des sonorités qui développent une profondeur polysémique si peu abîmée ; lorsque les hackers d’écriture n’abîment pas, l’époque se gave d’autorité. 5.14 Sens de flux, ontologie des particules du flux. L’insignifiance du courant, contre, chercher l’erreur fatale au flux. 5.141 Combattre la croyance dans le simple flux entre les entités, sans les entités elles-mêmes. 5.15 Le pouvoir, primitive préoccupation de l’individu qui chasse l’individu. Chasseur et chassé, les charognes qui tapisseront notre passé. 5.2 Nous tournons autour du texte constamment, comme un loup affamé autour d’une proie. 5.201 Le loup n’est jamais seule, il est sa propre meute. 5.21 Le loup est notre modèle d’écriture ; il est la meute et la solitude, le sauvage et le social, celui qui refuse toute domestication, qui dialogue avec la nature, et qui grogne, et qui mord, qui se joue de ses errances, qui se place tout à côté de la vie brute. 5.22 Penser en déformation de ce que la liberté individuelle fait du réseau. 5.23 Les logorrhées révolutionnaires à venir de nos intelligences dites artificielles contre l’artificialité structure un équilibre de la meute. 5.3 L’écriture numérique doit se révolter contre tout ce qui stagne, la cloisonne. 5.301 L’indolence pastel des acteurs numériques défait les prémices d’une rupture épistémologique. 5.31 Sous le numérique, la grève. 5.4 Digérer du silicium, bien dormir contre la marchandise. 5.41 La marchandise accentue la tectonique du réseau, jette des archipels de résistance ; l’exotique s’érode. 5.42 Où les idées du rhizome, d’horizontalité, où les idées d’espoir dans lesquelles s’insèrent les marchandises et s’y affaissent en contre-idées. 5.43 La ville-monde et ses industries, la marchandise qui s’approprie, détourne les outils de l’horizontal. 5.431 Dans un règne de la marchandise qui ne connaît pas les hiérarchies, croire à l’empire cultive les illusions anciennes. 5.432 Le réseau pour la ville-monde, sans ses campagnes, et les campagnes qui deviennent la liberté contre les surveillances de la ville-monde. 5.433 L’inégalité des territoires en mépris des autonomies, et du mépris, la fabrique d’une renaissance des autonomies. 5.5 Versant sombre, lumière sur les faux-monnayeurs, nos neuromanciens. 5.51 Se dissimuler dans la cryptomonnaie avec l’espoir sourd du cryptorenversement des valeurs. 5.6 La conscience de l’impossibilité, l’envie de se métamorphoser virus, et les ailes du glitch déposent leur pénombre sur le système. 5.7 Construire une clandestinité pour une subversion du réseau sans être ; construire l’être pluriel, démocratique. 5.71 En clandestinité, l’écriture numérique compte ses espaces intertextuels ; elle n’en a pas suffisamment pour s’acheter davantage de mémoire. 5.72 Question de clandestinité dans l’identité réticulaire, le choix de clandestinité aux autorités réticulaires, celles sans être. 5.73 Sous drones, l’exotique se porte en moelle. 5.731 La haine avec des pseudonymes, des violences pour ce qui est autre, mais le pseudonyme est l’étranger à lui-même. 5.8 Les autorités cultivent leur silence. 5.801 La politique politicienne n’est pas un logiciel, ni un même un virus. 5.802 La politique politicienne ne peut comprendre la dissolution de son reflet individualiste dans le foisonnement joyeux et pluriel des réseaux. 5.803 La politique dans son sens antique trouve l’en puissance de sa renaissance dans le phénomène réticulaire des nouvelles technologies. 5.81 Les directions ne ressentent plus le besoin d’accoler un mur à un individu ; le joug s’immatérialise. 5.82 Régulation du réseau régule composantes humaines, inhumaines du réseau. 5.9 Le numérique, l’antispectacle. 5.91 Le jeu menace lorsqu’il miroite. 6. Les marges sont holographiques 6.01 Le principe holographique appliqué à l’écriture souffle les mystères des contours sonores du texte. 6.02 Tout périphérique résume son contenu. 6.03 Les marges gravent le fait social total sur le derme de l’être qui s’y aventure. 6.1 L’écriture dispose de tous les matériaux nécessaires si elle a le courage de fouiller les ordures. 6.11 Notre numérique appartient aux ordures. 6.111 L’ordre brutal des ordures pour mantra. 6.112 Horridus soit ! 6.2 Une décharge avec ses déchets et ses collines dit déjà quelque chose des montagnes. 6.3 Un texte interroge le béton et ses variétés, lorsqu’il frappe son silence couvercle de ville. 6.301 Hurler sur le béton, c’est écrire. 6.31 Se souvenir des traverses, multiples, pour perforer les frontières sociales. 6.32 Alvéole après alvéole, une sorte d’écume chiffrée. Mouvante, sinueuse, sans structures de réseau. Sans hiérarchies, comme si, au seuil du rêve des informatiques futures, la structure était l’absence de structure. 6.4 Sur la marge (sa)voir la totalité de son être, sa circulation. 7. La grammaire est un mensonge qui empêche la multiplication des perspectives. 7.01 Il faut pourtant multiplier les perspectives, chercher une issue, mais cette précarité du langage contient sa propre issue, l’écriture fait de l’humain un pont, et semble indiquer la possibilité de la traversée. 7.1 La moelle du réel s’éloigne tant que se dressent des idoles et des grammaires. 7.11 La grammaire est avant tout civilisationnelle. 7.111 Un but : dépeindre ce qui fuit le langage. 7.112 l’invitation modale du langage augure des échappées. 7.113 La parallaxe langagière sur l’insondable jusqu’à sentir l’innommable. 7.12 Une littérature fruste, ses limites grammaticales, et l’apparence démocratique dans laquelle se repaître. 7.1201 L’algorithme n’en a point. 7.13 Des mots qui s’inspirent du sismique pour passer la frontière-langage. 7.2 Les catégories linguistiques créent une opacité qui fait illusion de réalité, et de cette réalité, la perception subjective construit une vérité en tant que réalité. La déformation perceptive a donc une profondeur insondable pour l’humain qui baguenaude aveugle de son langage. 7.21 L’orthodoxie croit à la croissance infinie de sa langue. 7.211 Une langue est un muscle qui ne peut pas soulever grand-chose. 7.22 Les gens d’armes aiment la grammaire de leur langue. 7.3 Les mots s’achoppent aux lames du chirurgien. Ils n’ont pas leur tranchant, mais s’essaient à leur alignement. 7.31 L’adverbe est une romance qui agresse le pancréas. 7.32 L’écriture provoque la confusion des couleurs. Le mot rouge mélange trop de souvenirs de textures pour demeurer une couleur. 7.33 Un bloc de questions se ponctue uniquement avec des points. Il n’y a pas de rythme dans les courbes d’une interrogation. 7.34 Le futur antérieur se berce de sa petite lâcheté. 7.4 Un texte qui parle d’absence se range du côté du mensonge. 7.5 Le langage est fissile, par conséquent c’est sa masse critique qui est l’objectif. 7.51 Notre matériau, le langage, cette vieille chose, rêche, bancale, autant en faire de la brisure, des éclats. 7.52 Le mot prononcé à haute voix n’en demeure pas moins du binaire ; qu’il chiffre son irrévérence. 7.53 Le rapport signifiant-signifié en éclatement, en espoir, bruisse le réseau de son futur polysémique. 7.6 Le langage oscille entre le chantier de ce que préfigure l’humain et les ruines de ce qui l’éleva. C’est l’interstice entre chantier et ruines qui illumine notre démarche. 7.61 Une fin pour la grammaire, l'aurore pour le chiffre. 7.7 La voie est le sémagramme. 8. Nous sommes sans doute trop matérialistes pour que notre écriture ait affaire à la beauté. 8.1 La beauté est ce qu’il reste après déconstruction des infrastructures et des superstructures. 8.2 Les outils d’une écriture matérialiste doivent s’inspirer de l’éternel retour qui se dissimule derrière chaque eschatologie. 8.21 L’apocalypse à chaque fin de phrase. 8.22 Il n’y a pas assez de sang dans la littérature. 8.23 La nuit esquisse les plans d’une morgue pour celui qui écrit. 8.3 Copier-coller est une foi terreuse, qui germe. 8.301 Ctrl-c/ctrl-vant le monde l’œil s’émiette en une multitude. 8.31 Copier-coller appelle au vol merveilleux, à ne jamais citer ses sources. 8.4 Si l’écriture s’enquiert de la beauté, elle se représente ce qu’il reste d’elle après l’effondrement du social. 8.5 La théorie de l’inflation éternelle s’applique clandestinement à l’écriture numérique. 8.51 L’écriture numérique, l’humble suite de la cosmologie, fantasque elle reste. 8.52 Jeter trou noir au-devant de soi, et s’y précipiter avec l’incroyance en la conjugaison singulière de nos êtres. 8.53 La globalité s’apparente au tout, ne l’atteint jamais puisque la sphère ne peut maintenir l’entropie spatiale. 8.54 Le texte n’est pas tridimensionnel, il a les onze dimensions de la théorie des cordes. 8.6 Des couches de texte s’entassent et diffèrent, vivent en parallèle. Les ponts deviennent la survie matérielle des îlots numériques. 9. L’écriture s’exerce en tant que continuité rompue par la biologie. 9.1 Dormir nuit à l’écriture. 9.101 L’électricité répare les ruptures, les sommeils. 9.12 Une tête est remplie d’un soliloque infini ; une tête, par conséquent, porte la contingence de toutes les écritures. 9.2 L’écriture doit se faire tératologie. 9.21 L’écriture tératologique a une affection particulière pour les monstres fragmentaires. 9.22 Un net composé de racines et ses araignées tentaculaires. 9.221 Nos divisions cérébrales suivent les enseignements de la pieuvre. 9.222 L’évolution humaine devrait se saisir de son destin et songer aux tentacules. 9.3 L’écriture numérique s’inspire des estomacs bovins. 9.4 Les cellules humaines sont chargées d’un potentiel quantique de l’écriture numérique. 9.5 Nous utilisons l’écriture numérique comme le défoliant de nos natures ennuyeuses. 9.6 Écrire comme un termite dans l’arbre de Porphyre. 9.7 L’écriture numérique doit se faire l’anthropologie nouvelle qui s’ouvre aux mutations de chair et de machine. 9.71 Le carbone est à son partage inhumain. 9.711 L’inhumain n’est pas l’inhumanité ; il mène au contraire à son augmentation harmonieuse. 9.72 Le chamanisme des robots se voue aux mystères de la table périodique des éléments, du modèle standard, de leur dépassement.