Compte rendu atelier Coopératives à la CNT
Je le fais sous forme d’une issue pour permettre les discussions (potentiellement avec des personnes extérieures).
TL;PL
Pour ce qui concerne Codeurs en Liberté :
- On peut se revendiquer coopérative, ça ne choque personne, voire au contraire
- Notre ressenti vis-à-vis de l’URSCOP/CGSCOP est partagé : c’est une fédération assez corporatiste, qui n’encourage pas forcément à présenter d’autres modèles que la SCOP
- J’ai pris le contact d’une personne de Coopaname qui veut bien discuter du format qui nous conviendrait le mieux (problement une loi 47)
Contexte
La CNT organise des ateliers http://www.cnt-f.org/urp/agenda-cnt/atelier-de-culture-populaire-cnt-quelles-cooperatives-pour-l-emancipation-des
Ça a duré un peu plus de 4 heures, donc il y a énormément de choses que je ne retranscrirai pas.
Je mélange aussi allègrement les intervention des différents orateurs et j’essaye de faire une synthèse de ce qui m’a marqué.
Histoire en 4 vagues
Une coopérative est à la fois un mouvement social (réflexion sur la transformation de la société) et un mouvement d’entreprise (activité concrète), ce qui la rend aussi unique.
Le mouvement commence avec le siècle des lumière en articulation avec la révolution française de 1789. La coopérative embrasse donc le triptyque
- Liberté (d’adhésion et de sortie de l’employé sociétaire)
- Égalité (une personne = une voix)
- Fraternité (obligation de réserve, mise en commun).
C’est donc une application des idéaux politique à l’entreprise, alors que cette dernière jusqu’à aujourd’hui reste une tyrannie dont le pouvoir est tenu par les plus riches.
Vague 1 : coopérative d’ouvriers.
Au début du 19ème siècle, les ouvriers s’unissent pour créer des sortes de micro-républiques de producteurs.
Cela culmine avec la révolution de 1848 qui est vue comme une véritable révolution ouvrière (contrairement aux deux précédentes).
Ce mouvement sera fortement réprimé après le coup d’état de 1851. En 1867 Napoléon III redonna le droit aux coopératives à condition qu’elle ne se placent pas politiquement, tuant de fait la raison d’être.
Vague 2 : les coopératives de consommateurs
Au Royaume-Uni, en particulier à Rochdale en 1844 se créé un fort mouvement de consommateurs qui s’unissent.
En 1862, suite à une AG qui devait décider de l’utilisation de l’excédent de gestion :
- Mieux payer les salariés de la coopérative
- Réduire les prix pour les sociétaires de la coopérative
Les historiens considèrent qu’il s’agit là du grand déchirement entre les coopératives de production et de consommation.
Vague 3 : la décolonisation
Fortement destructurées, les nations qui redeviennent souveraines se sont toutes tournées vers des modèles coopérativistes (surtout dans l’agriculture et l’artisanat).
Cela a été une des bases ayant permis le développement du commerce équitable.
Vague 4 : nous !
Après un certain désintérêt, depuis les années 2000, ça reprend du poil de la bête. Et en particulier, on dépasse Roachdale et on arrive à nouveau rapprocher (tout doucement) coopératives de producteurs et consommateurs (NdTristram : par exemple Enercoop).
Discussions sur les risques de dérive
En particulier une coopérative de production peu dériver et finalement perdre son âme.
Par exemple Mondragon a acheté des filiales de l’économie traditionnelle.
La Co-operative group a eu des dirigeants avec un salaire se comptant en million.
Coopaname
Présentation de cette coopérative d’activité emploi qui a 13 ans. Ils sont 800 personnes. Même si initialement elle avait été fondée pour accompagner des chômeurs à qui l’état a simplement dit t’as qu’à le créer ton boulot, aujourd’hui c’est en bonne partie des personnes qui ne veulent pas retourner dans un modèle de subordination.
Un autre exemple est Smart en Belgique qui regroupe 70 000 artistes, et qui de ce fait a quasiment un monopole et un très fort pouvoir de négociation.
Freelancers Union aux États-Unis regroupe 300 000 personnes et a donc également une forte influence, même si l’objet de la structure est moins fort qu’une coopérative en France.
Coopératives intégrales
C’est un concept qui vient de Catalogne, qui vise à se sortir complètement de la logique capitaliste.
Il y a des choses très intéressantes, mais c’est un cas trop complexe et j’ai la flemme de dérouler.
Discussion sur la démocratie
Comment maintenir une implication sociétaires. Tous les intervenants insistaient que la taille n’est pas une fatalité.
Mais il est important de rappeler qu’une coopérative a un objet politique et qu’il faut bien le transmettre aux autres (plusieurs exemples donnés).
Sur une note positive, à la Maif, le nombre de personnes votant aux AG augmente à nouveau depuis les années 2000, il y a donc un regain d’intérêt politique de la population.
Ça a un peu bitché sur les entreprises libérées et holacratie, que c’est largement pas suffisant.
Ils ont aussi insisté que la forme coopérative n’est pas suffisante pour provoquer le dialogue nécessaire au bon fonctionnement de l’entreprise. En particulier, le syndicalisme permet des discussions dans un autre cadre et donc un meilleur fonctionnement. Aussi, parcequ’il n’y a pas pire exploitation que l’auto-exploitation.
Pour l’avenir
Tout le monde était fatigué, mais en vrac :
- comment évaluer la valeur d’une entreprise selon ses employés (s’ils partent tous, l’entreprise vaut rien. Si les employés rachètent l’entreprise, est-ce raisonnable de leur faire payer leur présence dans l’entreprise ?)
- sociabilisation des revenus
- sociabilisation du capital pour lancer une entreprise
- les crypto-monnaies, communs, logiciel libre pourront-ils changer le rapport entre coopératives, et donc couper l’herbe sous les pieds de l’économie capitalistique ?